samedi 16 mai 2009

Laon ? Quelle drôle d'idée...

Aujourd'hui, sortie annuelle du Centre saint Paul. L'an dernier nous étions à Vézelay. Une destination évidente. La réputation de la Madeleine de Vézelay n'est plus à faire tant les littérateurs s'en sont chargé, et pas forcément les plus catholiques, Jules Roy et surtout Romain Rolland, ce pacifiste si touchant, qui, à force de se vouloir au dessus de la mêlée, n'a pas donné, sans doute, l'impulsion mystique qu'il aurait pu donner à son oeuvre.

Mais Laon, cette année, c'est nettement moins connu. En plus, je m'étais moi même trompé en vous proposant une "incursion dans la France capétienne". Laon a surtout été une capitale carolingienne.

Cette petite confusion n'a pas empêché les amis de venir nombreux (nous étions 70), d'abord à Notre Dame de Liesse, très beau lieu de pèlerinage à 15 km de Laon, avec une Vierge noire et une belle histoire qui fait de ce site un haut lieu du dialogue interreligieux tel qu'on l'aime... Je vous laisse la découvrir, tout l'heure je l'ai lue à notre assemblée, l'histoire de la belle musulmane convertie par trois chevaliers francs (l'histoire est tellement jolie qu'elle reste en l'air et ne dit pas lequel des trois aura su s'attirer les faveurs de la belle, pour couronner cette démarche spirituelle par un mariage). Trois enfants faisaient aussi, dans ce cadre prestigieux, leur communion solennelle. Deux la feront dimanche, à Paris. Ce ne sont pas des effectifs faramineux, je vous l'accorde, mais c'est ça aussi le Centre Saint Paul : une pastorale à la carte. J'ai toujours pensé que la liberté des enfants de Dieu n'était pas seulement un mot, pas non plus un droit subjectif, mais en tout cas un devoir ou une tâche.

Joli sermon de l'abbé Baumann sur la nécessité de vivre à contre courant. Bon à prendre pour les adultes. Mémorable pour les enfants.

La suite ? Eh bien, c'est le rocher de Laon, sa gastronomie simple mais efficace (vive la tarte au maroilles) et surtout bien sûr la splendeur de sa cathédrale et la beauté de l'abbatiale Saint Martin. J'avais en tête une récente visite à Soissons, la verticalité et la lumière de cette cathédrale, la nudité si altière de ce grand vaisseau gothique. la cathédrale de Laon, plus ancienne, moins exclusivement gothique, un peu moins haute, a une âme qui n'appartient qu'à elle. L'abbatiale Saint Martin, romane à l'origine, gothique finalement mais toute enromanée, possède une vraie chaleur.

J'en parlais à Patrick, un vieil ami, surgi de nulle part ce matin là pour nous accompagner à Laon. Il me répond par un éloge à la fois vibrant et original de l'art roman, qu'il présente comme "l'art humain", par rapport au gothique, trop vertical, trop lumineux qui essaie d'être divin et d'une certaine façon nous fatigue. Nous fatigue le cou par exemple. J'ai trouvé la remarque bien envoyée. Je vous en fait profiter. Ce serait la supériorité de Vézelay sur Laon. Alors que ces deux rochers sont comme deux montagnes saintes qui portent à la méditation, disons que la méditation champenoise est peut-être trop lumineuse pour notre acuité visuelle, elle nous laisse sur la nostalgie de ce que nous ne pouvons pas faire. Quant à La Madeleine de Vézelay, elle est haute, mais tellement proche avec ses jeux de couleurs sur les pierre. Elle figure l'élévation vers Dieu mais de façon humaine...

Pour ne pas être injuste avec Laon et parce que ce soir j'emporte encore les images de tout ce que nous avons admiré, disons que Laon, encore toute enromanée, m'a paru la plus humaine des cathédrale gothique. Exemple ? C'est la seule à voir deux de ses cinq tours ornées de quatre boeufs qui projettent fièrement leurs cornes vers le ciel. Souvenir d'un miracle auquel sont associées nos amis les bêtes.

Autre exemple ? C'est la seule dans le Bassin parisien où les cathédrales gothiques sont si nombreuses à posséder, parmi ces cinq tours, une magnifique tour lanterne, à la normande. Vous ne savez pas ce que c'est ? Faites un tour à Laon, ça vaut la peine.

1 commentaire:

  1. Mais la cathédrale de Laon est unique par sa croisée de la nef pricipale à trois nefs avec les transepts eux aussi à trois nefs: au lieu de l'immense lumière d'un dôme central, ou de la simple percée lumineuse d'une tour lanterne à la normande, cet espace complexe et équibré me ravit. Symbole de rencontre harmonieuse des trois nefs des vertus théologales et des trois nefs de la foi sur le prochain, de l'espérance pour le prochain, et de la charité au profit du prochain.

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