jeudi 18 février 2010

Le Carême, un sacré sujet !

Je suis invité vendredi sur Radio Courtoisie à enregistrer une émission sur... le Carême. proposition de Didier Rochard. J'en ai été d'abord surpris : 1 H 30 sur la Pénitence, cela peut paraître une drôle d'idée. Et puis je me suis dit que c'était un... sacré sujet et que cet animateur avait sacrément raison. Les très nombreux messages dont se trouve gratifié le Père Augustin parlant du Mercredi des cendres sur le site François Desouche me paraissent également autant d'indices de l'intérêt paradoxal que suscite aujourd'hui le Carême.

Alors, après vous avoir abandonné trop longtemps, amis du metablog, je me suis décidé à vous parler de ce sacré sujet : le Carême.

Si tous les jours se ressemblaient, si rien ne venaient les distinguer, la vie serait lugubre. Il y a des jours de vacances où le "far niente" est de rigueur, il y a les jours de fêtes, dies festus, les jours fastes où le coeur s'illumine, il y a les jours de grisaille où l'ordinaire est de rigueur, et puis il y a les jours de Pénitence, dans le calendrier de l'Eglise l'Avent et le Carême, sans compter les Vigiles et les Quatre temps (les Quatre temps de printemps la semaine prochaine)... où nous devons apprendre à nous restreindre pour mieux nous maîtriser nous-mêmes.

Pour essayer de me faire comprendre, je propose une analogie de proportionnalité : le carême est à la vie personnelle de chacun ce que la décroissance est, comme impératif régulateur, dans les sociétés occidentales. Drôle d'idée, pourtant, la décroissance : cesser de croître, accepter de diminuer la production et la consommation... je ne suis pas sûr de la validité de cette idée au niveau d'une société tout entière. Comment peut-on forcer une société à décroître ? La contrainte qui s'ensuivrait me semble insupportable. Pas étonnant que dans une perspective authentiquement chrétienne, le carême ne soit pas non plus une pratique sociale, mais toujours une exigence personnelle. On fait carnaval tous ensemble et carême chacun chez soi. Les restrictions du carême, on se les impose à soi même, c'est dans la mesure où elles expriment une vraie générosité personnelle (et non ne coutume collective) qu'elles valent la peine que l'on se donne à les supporter. "Quand tu jeûnes parfume toi la tête" dit l'Évangile, ton jeûne ne regarde que toi et "ton Père céleste qui est dans le secret".

Il me semble que la première utilité du Carême est de reconduire chacun à lui même, pour lui permettre de redécouvrir Dieu, loin des réflexes mimétiques, avec cette idée qui revient : "ta foi (comme réalité psychique et spirituelle) vaut ce que vaut ton carême. Ton Carême t'apprend ce que tu es capable de donner, il te montre à quelle aune juger ton sacrifice intérieur...

Le Carême ? Avant même d'être un moyen d'avancer, c'est un symptôme ou un thermomètre. Une mesure - plutôt que des mesures, je veux dire plutôt que des résolutions. Faire le carême, c'est accepter de se laisser jauger - oh ! soi par soi - comme personne, comme liberté. Dans cet exercice, on apprend très vite à ne pas se surévaluer...

5 commentaires:

  1. J'aime bien quand vous posez plein de questions à la fois !
    Alors non, la décroissance n'est pas un concept chrétien, je pense ! L'Ecriture nous dit au contraire "croissez et multipliez-vous" et la parabole des talents nous apprend à faire croître nos avoirs... Le sujet que cela pose, c'est plutôt celui de la croissance qui ne passe que par une surconsommation, surconsommation qui est en réalité une destruction ! Destruction des ressources non renouvelables, destruction des emplois, destruction de notre environnement... pour un profit accaparé par qq'uns...
    En revanche, la notion de développement durable est, à mon sens, une notion chrétienne : se développer de façon équitable et dans le respect des besoins des générations futures ; ce qui est une conception harmonisant à la fois la charité chrétienne et la communion des saints...

    Personnellement, je mettrais plutôt le carême en adéquation avec la nature : étonnamment (mais le sage ne s'étonne de rien, et encore moins de la sagesse de l'Eglise dont les temps liturgiques correspondent toujours au temps des saisons humaines !) ces 40 jours correspondent avec la transition entre la fin de l'hiver et le début du printemps. C'est une période où la nature épuise ses dernières réserves, se purge de ses acquis de la belle saison passée pour renaître avec vigueur alors que les jours rallongent et que le climat se réchauffe. Nos organismes humains ont besoin de cette période purgative qui permet de se ressourcer pour avoir les forces nécessaires pour les travaux de la belle saison (bon, ça, c'est sûr, c'est pas pour tout le monde, hein !)
    Il me semble que c'est la même chose pour nos âmes : nous devons nous purger du vieil homme et du péché pour renaître en hommes nouveaux avec la Résurrection... Bref, le carême est un reformatage du corps et de l'âme pour se purger du passé et prendre des forces matérielles et spirituelles pour affronter la suite !

    RépondreSupprimer
  2. Cher Abbé, vous écrivez «décroissance: cesser de croître». Attention au contre-sens! Ce que prônent les environnementalistes, c’est la décroissance… de l’emprunte écologique. Autre dit, pour vous chauffer, vous déplacer, vous nourrir, vous avez en 2009 rejeté dans l’atmosphère telle quantité de CO2, vous avez impacté l’environnement de tant. La question est: comment faire pour qu’en 2010 votre impact (votre «emprunte») soit plus faible. C’est cette emprunte qui pourrait décroître. Par exemple en diminuant votre consommation d’essence, soit que vous optiez pour un véhicule plus économe, soit que vous renonciez à certains déplacements.

    Vous vous interrogez aussi: faut-il «accepter de diminuer la consommation» et peut-on «forcer une société à décroître»? Là encore, attention, contre-sens! L’idée n’est pas de (se) restreindre pour le plaisir. L’idée (certains le jugent folle) est que les ressources en énergie fossile de la planète sont limitées. D’autant que divers peuples se motorisent, ils rêvent de vivre comme les Américains… qui consomment le quart de la production mondiale. De quelque manière que l’on prenne le problème: il n’y en aura pas pour tout le monde ni pour tout le temps. Or sur cette Terre, c’est la loi de l’offre et de la demande qui fait le prix. A 150 dollars le baril, vous vous restreindrez un peu, à 250 dollars le baril encore un peu plus, et à 500 dollars le baril, vous vous restreindrez carrément, que vous l’acceptiez ou non. Les ‘décroissants’ proposent de s’y préparer dès maintenant, tant qu’existe encore une petite marge de manœuvre.

    Là dessus, je note certains critiques dans ‘nos milieux’, l’idéologie des Verts ne serait pas chrétienne, ce ne serait pas une vraie écologie, etc. Si certains veulent bien indiquer ce qu’est la vraie écologie, je suis preneur.

    RépondreSupprimer
  3. Merci monsieur l'Abbé; c'est un texte magnifique, plein de sagesse, de force et d'humilité aussi, et qui me donne de la force pour aborder cette période du Carême; je l'ai lu avec plein de profondeur, et j'en suis toute habitée maintenant; je vivrai ce Carême 2010 d'une toute autre manière cette année; grâce à vous, avec un sens encore plus fort et plus ancré. Merci.
    Laura-F. L.

    RépondreSupprimer
  4. posons-nous les bonnes questions :
    dans cette société consumériste et médiatique connaissons-nous notre évèque ?
    et bien je suis heureuse de le rencontrer et d'avoir nos cérémonies fréquentées 'églises pleines pour les cendres et début de carême le baptème on semble s'en préoccupé alors vive DIEU qui est amour et pensons partage et pardon

    RépondreSupprimer