lundi 26 décembre 2011

Lendemain de fête : maintenant fêter Jeanne d'Arc

Merci à tous ceux qui auront contribué à faire de cette fête de Noël au Centre Saint Paul une fête du coeur et de l'âme. Petits moyens cette année : pas d'instruments, pas de solistes. Mais le chant de tous, feuilles à l'appui, une chapelle bondée, un recueillement qui nous a portés et une véritable amitié spirituelle, qui s'est d'ailleurs concrétisée durant le réveillon. Au passage, merci à Eric pour ses Gambas marinées : ça restera un vrai souvenir culinaire pour moi. - Oui, je sais, ce n'est pas important. - En fait, je crois que si ! Quand on veut se réjouir ensemble à Saint Paul, c'est VRAIMENT la fête. N'oublions pas que ce mot de fête à une origine religieuse : dies festus, le jour faste. La vraie fête ne consiste pas à sortir en boîte ou à s'éclater, mais à se retrouver soi-même en accord avec le monde et en accord avec Dieu. Quel plus beau lieu que l'église (ou la chapelle en l'occurrence) pour exprimer cet Accord, en une sorte de point d'orgue vital ? Lorsque nous nous souvenons que notre Dieu est là, que son nom est Emmanuel, Dieu avec nous, nous ne pouvons pas être tristes, ainsi, d'ailleurs que l'a dit le Sauveur lui-même à plusieurs reprises.

A peine remis sur pieds, il nous faut envisager la prochaine occasion de nous retrouver. Ce ne sera pas dans l'espace trop étroit pour la circonstance du Centre Saint Paul, mais dans la cathédrale d'Orléans, à l'occasion du 6ème centenaire de la naissance de Jeanne d'Arc. Elle est née le 6 janvier 1412 (il fallait bien la Fête des rois pour Jeanne d'Arc). Nous nous retrouverons le 7 janvier, samedi à 11 Heures pour une messe d'actions de grâce, à la cathédrale d'Orléans. J'ai la joie de vous annoncer qu'en dehors de tout esprit de chapelle, elle sera célébrée par l'abbé Ribeton membre du Comité Jeanne d'Arc et supérieur en France de la Fraternité Saint Pierre. J'en assurerai quant à moi la prédication. Réservez dès maintenant cette date, prévoyez des billets de train et inscrivez vous, si vous le souhaitez, pour le repas qui suivra (prévoir 25 euros par personne) en téléphonant à Isabelle au 0618005521.

A travers cette messe et à travers le noble personnage de Jeanne d'Arc nous reconnaîtrons l'assistance divine dans l'histoire de la France, en confiant à notre chère Jeanne toutes les crises suspendues sur nos têtes comme l'épée sur la tête de Damoclès : il y a la crise économique, la crise de la société et de la sociabilité, la crise politique, la crise morale et forcément d'abord, comme la clé de voûte qui, manquante déclenche toutes les autres, la crise spirituelle.

On s'est longtemps dit : la guerre c'est pour les autres, au Viêt-Nam, en Afghanistan, en Afrique... On s'est longtemps cru au dessus des problèmes, nous autres Européens. Et pour la première fois depuis 60 ans, l'ombre de la crise s'étend sur l'Europe. Cette fois - est-ce pour 2012, je ne suis pas fakir - nous allons y avoir droit. Rien n'est fait pour sortir des engrenages macroéconomiques qui nous mènent immanquablement dans le mur. Mais nous savons que quelles que soient les difficultés, Dieu est et demeure le Maître de l'histoire. Il ne s'agit pas de cultiver l'inquiétude ou de jouer à se faire peur, mais au contraire de faire des provisions de force.

Jeanne d'Arc est un prodigieux exemple. Du point de vue humain, du point de vue de la situation de la France, en ce temps-là, on doit bien constater des parallèles : la France du gentil Dauphin Charles est marquée avant tout par la crise des élites, chaque féodalité jouant pour elle-même, sans aucune préoccupation d'un bien qui serait commun aux "bons et loyaux Français" comme dit Jeanne dans sa lettre aux Rémois. De cette crise des élites, dont Azincourt (défaite sanglante) en 1415 et le "honteux traité de Troyes" en 1420 ont constitué deux symptômes gravissimes, tout s'est enchaîné. Le Pays était livré aux grandes Compagnies et aux écorcheur, contre lesquels, durant toute la deuxième année de son aventure, Jeanne a voulu lutter, avec les 300 Piémontais qu'elle avaient engagés comme mercenaires. Evidemment, quand les Grands ne savent plus où ils habitent et dans quel camp ils sont, ce sont les petits qui trinquent. Imaginons à qui pourrait nuire une crise banquaire dans la France d'aujourd'hui ? En tout cas, il y aura certainement des écorcheurs pour profiter - financièrement - de la faiblesse des faibles. Cette crise mondiale du libéralisme - crise simplement entrevue pour l'instant - pourra-t-elle fournir à la France une occasion de se retrouver elle-même et de redécouvrir les solidarités fondamentales sur lesquelles se fonde toute vie sociale ?

Trêve de futuribles ! L'avenir n'est jamais ce que l'on croit qu'il sera. le réel est toujours plus riche que toutes les fictions. Mais je crois qu'il faut parfois s'arrêter et réfléchir : sedens computavit, dit l'Evangile à propos de celui qui construit une Tour. Cet anniversaire de la naissance de Jeanne n'est pas une commémoration comme les autres, mais l'occasion d'une anticipation spirituelle. S'il est vrai que gouverner, c'est prévoir, voilà une bonne occasion d'apprendre à se gouverner soi-même!

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