dimanche 24 août 2014

Carcan [par RF]

[par RF] Le maire de Béziers a permis que la feria traditionnelle soit précédée d'une messe. En protestation, des voix se sont élevées, des cheveux se sont dressés, etc. Cela indique assez le poids du carcan qui nous enserre, du gauchisme culturel qui nous étouffe. Je ne développerai pas, la plupart d’entre nous trouveront 1.000 exemples de la chose, pour peu qu’on veuille bien faire la différence entre «la gauche»… et «le gauchisme» dont se plaignaient déjà Lénine ou Duclos. Je veux juste vous faire part de trois intuitions que j’ai à ce sujet:

D’abord que ce carcan tombera peut-être… ou peut-être pas, mais qu’enfin rien n’est gravé. Il est possible qu’il s’alourdisse sans cesse, mais ce n’est pas inéluctable. Rien n’est pas gravé, et si improbables que soient certains événements: il arrive qu’ils arrivent. On aurait dit à nos ancêtres de 1847 qu’un Bonaparte (re)monterait sur le trône, ils auraient haussé les épaules. Il y a peu de chance que vous gagniez à la loterie, pourtant quelqu’un gagnera, c’est certain, et en sera le premier surpris.

Ensuite, que quand le carcan tombera, ce sera par pans entiers. Telle chose est impossible? mais voilà qu’elle advient, et tout ce qui s’y rattache vient avec. J’apprends par exemple qu’il y a à Béziers un aumônier des arènes. L’an prochain la messe semblera toute naturelle, et qui sait si dans deux ans l’évêque, qui est celui de Montpellier, ne s’y fera pas représenter. Quand les digues pètent, ça coule rarement au goutte-à-goutte – voyez le mur de Berlin.

Enfin j’ai l’intuition que le vernis pourrait craquer non pas dans la hargne et l’aigreur mais dans une bonne humeur printanière. J’ai été frappé récemment lors d’une élection partielle. S’opposaient au second tour le ‘jeune’ (20 ans et quelques) soutenu par le FN, et le ‘vieux’ (l’âge d’être son oncle) soutenu par tous les autres (de l’UMP au PCF). L’air grave, le ‘vieux’ invoque l’amour sacré de la patrie républicaine, la nécessité de… mais à ce moment, le ‘jeune’ rit. Son rire n’est pas méprisant, ni agressif, ni forcé – juste joyeux. Il rit comme on rit à la fin du repas, quand le tonton pince-sans-rire s'essaye à un sketch: presqu’avec connivence. C’était… destructeur.

En gros, je crois possible que disparaissent du paysage les censeurs et les pions, les Bernard Henri-Levy, les Benjamin Biolay et les Aymeric Caron, non quand on aura retoqué point par point leur morale, mais quand on s'autorisera à répondre d'un grand éclat de rire.

1 commentaire:

  1. Pourquoi pas, en effet !
    Intuitions séduisantes et encourageantes.
    (Illustration brillante mais décourageante...)

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